Nouvelle formule de Spered Gouez

Nouvelle formule à partir du 12

Nouvelle formule à partir du n°12 (2005). 

Chaque numéro devient  autonome. De nouvelles rubriques apparaissent .

Nous avons ressenti un vif besoin d’un retour au sens et, pour nourrir la réflexion et ouvrir nos pages à des auteurs ou à des artistes porteurs d’une oeuvre forte en construction, nous avons  réservé  une plus grande place aux chroniques.  

Spered Gouez continue cependant à susciter et à organiser la création littéraire autour de thèmes qui nous fédèrent et nous questionnent. C’est aussi un rôle essentiel des revues.

Chaque revue en détail

Au sommaire du n°30

Peintures en couverture et encres  intérieures : Laurent Noël

Editorial de Marie-Josée Christien : Passages de flambeaux

Escale / Paouez : Roger West, poète écossais et performer punk (dossier de Louis Bertholom)  

Mémoire / Koun : Yves Elléouët (1932-1975) par Ronan Nédélec

Points de vue : 10, Villa Gagliardini, récit de Marie Sizun (Arléa) lu par Louis Bertholom, Marie-Josée Christien et Pierre Tanguy.

Chroniques sauvages / Skridvarnouriezh gouez

Nuits d’encre, chronique critique de Marie-Josée Christien

Passages, chronique de Guy Allix : Jean Rivet (1933-2010)

Revues d’ici… Revues d’ailleurs, par Marie-Josée Christien

Bretagne, regard libre / Breizh, sell digabestr, chronique de Yannick Pelletier (2) : Max Jacob

Vagabondages, notes de lecture par Chantal Couliou, Bruno Geneste, Denis Heudré, Patrice Perron, Jacqueline Saint-Jean, Sydney Simonneau et Pierre Tanguy

Tamm Kreiz : Anne-José Lemonnier, l’océan à sa fenêtre (dossier et entretien par Marie-Josée Christien)

Attention fragile ! / Diwall ! bresk eo : Textes, nouvelles et poèmes de Guy Allix, Anne Barbusse, Emmanuel Baugue, Louis Bertholom, Jacques Bonnefon, Alain Brissiaud, Jean-Jacques Camy, Valérie Canat de Chizy, Pierrick de Chermont, Marie-Josée Christien, Cossic, Chantal Couliou, Jean-Marc Feldman, Gilles Fortier, Alshaad Kara, Nelly Lecoq, Jean-Luc Le Cléac’h, Natacha Martinet, Gérard Mottet, Laurent Noël, Amaël Ourvoie, Gilles Ourvoie, Lydia Padellec, Béatrice Pailler, Patrice Perron, Antoine Poupon, Vincent Puymoyen, Sydney Simonneau (traduit en breton par Ludovig Ar Rû), Wald, Gabriel Zimmermann

Attention fragile !

« L’art le plus grand vous ramène toujours à la vulnérabilité humaine » Francis Bacon

Ce trentième numéro invite à porter regard et attention à la précarité de notre existence individuelle mais aussi à la fragilité de l’humanité. Cette réalité incontournable de notre condition humaine, élément essentiel de notre dignité que les auteurs de l’antiquité, tel Sénèque, gardaient à l’esprit, nous l’occultons aujourd’hui volontiers, comme si nous étions devenus tout-puissants, invulnérables, éternels. Le mot « fragile », devenu un terme de mépris, de faiblesse ou d’apitoiement, disparaît de nos qualités fondamentales.

La fragilité saute pourtant aux yeux. Fragilité des matières comme le verre et l’argile, fragilité des traces, de la mémoire, des corps, fragilité sociale, fragilité des moments heureux, fragilité de la vie.

Collectivement, nous oublions que l’humanité frôle régulièrement la catastrophe. Les ancêtres de l’espèce humaine ont failli disparaître il y a 900 000 ans. Espèces humaines, animales et végétales, civilisations et cultures ont pour caractéristique un état instable et vulnérable, une impermanence. Aujourd’hui, les changements climatiques, le risque nucléaire résultant d’un accident ou d’une guerre nous menacent plus que jamais. Notre sociabilité est fragile face à la barbarie.

   Individuellement, la vie ne tient qu’à un fil. Tout ce qui est humain est fragile. Prendre en compte la fragilité n’équivaut pas à vivre dans l’angoisse et la névrose, ni à céder à un réflexe de victimisation délétère. C’est au contraire une invitation à vivre pleinement, en s’ouvrant au dynamisme et au mouvement. La conscience de la fragilité nous rend humains.

   Penser la fragilité en toute conscience est une force insoupçonnée, une nécessité pour vivre et créer, inventer et innover.

Marie-Josée Christien

Au sommaire du n°29

En couverture : collages de Ghislaine Lejard

Escale / Paouez : Andrée Lacelle, poète canadienne de l’Ontario (Ottawa), dossier de Louis Bertholom 

Avis de tempête / Taol kurun : Carte blanche à Jean-Louis Bernard

Mémoire / Koun : Guillevic (1905-1995), par Monique W. Labidoire

Points de vue : Réviser pour après  de Claude Serreau (Des Sources et des Livres) lu par Pierre Tanguy, Jean Lavoué et Gérard Cléry

Chroniques sauvages

Nuits d’encre par Marie-Josée Christien : Le nageur d’Aral de Louis Grall (La manufacture de livres) –  Des jours de pleine terre de Pierre Perrin (Al Manar) – Ainsi va de Jean-François Mathé (Rougerie) – Frontières d’Irlande de Bernard Berrou (Le mot et le reste)  –  Un air à l’air libre de Pierre Dhainaut (Al Manar) – Gardé vivant de Béatrice Marchal (Al Manar) – Marcher dans l’éphémère de Angèle Paoli (Cahiers du Loup bleu) – Manifeste du surréalisme des grèves de Bruno Geneste (La rumeur libre) – Délicieux gouffre de Lydia Padellec / Ce que tes lèvres disent de Gilles Fortier ( La Lune bleue & Trouées poétiques)  – Les mots dessinent les lèvres de Valérie Canat de Chizy (Cahiers du Loup bleu) – Le Bois des Hâtes de Christine Delcourt (Pierre Mainard) – Sur les chemins de non-retour de Jean-Pierre Otte (Editions de Corvelour) – Instants nomades de Chantal Couliou (Gros Textes) – Au loin le vent de Max Alhau (L’Ail des ours) – Je dis non dans la nuit de tes yeux de Julie Nakache & Pierre J. truc (Editions du Passavant) – Alouette de Mérédith Le Dez (Obsidiane). 

Bretagne, regard libre / Breizh, sell dieub : Georges Palante, chronique de Yannick Pelletier (nouvelle chronique)

Vagabondages : notes de lecture de Monique w. Labidoire (Sonnets et Proses de Guillevic), Jacqueline Saint-Jean (Marais secrets de Marie-Josée Christien – Les mains bleues de Marylise Leroux), Roland Nadaus (livre de Louis Dubost), Patrice Perron. 

Tamm Kreiz : dossier consacré à Jacques Morin, poète, critique et revuiste. 

Je(u) collectif : textes en français et/ou en breton, poésie, prose poétique, courtes proses, aphorismes, récits, nouvelles, par une vingtaine d’auteurs sur le thème développé dans l’appel à textes ci-dessous.  26 auteurs (ordre alphabétique) sont retenus, dont 7 pour leur première publication dans notre revue  : Louis Bertholom, Jacques Bonnefon, Marie-Claude Bourjon, Alain Brissiaud, Jean-Yves Cadoret, Jean-Jacques Camy,Marie-Josée Christien, Gérard Cléry, Chantal Couliou, Marion Drack, Jean-François Dubois, Mireille Fargier-Caruso, Arthur Fousse, Alshaad Kara, Christine Kervéadou, Emmanuelle Le Cam, Jean-Luc Le Cléac’h, Nelly Lecoq, Pierre Louarn, Dominique Marbeau, Hervé Martin, Martine Morillon-Carreau, Ronan Nédélec, Patrice Perron, Jacqueline Saint-Jean, Sydney Simonneau.

Je(u) collectif

 « Il n’y a pas d’œuvre de l’homme seul », écrivait le poète Joë Bousquet (D’une autre vie). L’idée d’un génie solitaire est une totale illusion. Tout art, et donc la poésie, est une aventure collective. De même, une culture est un partage implicite et le point de rencontre avec les autres.

A mesure que notre société prend le chemin de l’individualisation, l’idée de culture est en train de disparaître, marginalisée ou marchandisée. Enfermés dans des relations conflictuelles entre  groupes de taille de plus en plus réduite, nous, poètes, artistes, écrivains et  penseurs, avons désormais du mal à nous référer à un univers culturel commun. Ne comptons surtout pas sur les réseaux sociaux pour donner du sens collectif à nos relations. Si nous n’en prenons pas rapidement conscience, cette illusion de lien social accélérera l’atomisation de la société et  son émiettement.

L’affirmation de soi et de sa différence est certes nécessaire mais l’identité ne peut être résumée à une seule caractéristique. L’hypertrophie individuelle est un rétrécissement pathologique.  Elle nous enferme dans une identité univoque. Cette obsession de l’identité personnelle est en fait le syndrome d’un oubli de l’autre et de l’altérité. Une imposture en fait.

C’est en retrouvant nuances et complexité que  nous pouvons être capables de penser et de former une société où l’altérité et la solidarité sont possibles. Sans gommer les différences et les particularités, sans uniformiser, nous pouvons tendre vers quelque chose de commun à partager et à ouvrir au regard d’autrui. Comme une simple feuille résume l’arbre tout entier, comme un seul grain de sable porte la signature géologique de la pierre dont il est extrait, notre motif personnel rejoint la grande fresque humaine, dans la conscience universelle de notre continuité historique.

Embarquons dans le je(u) collectif, pour que nos parcelles et nos fragments deviennent variations de l’unité entière. Faisons du « je » une voix singulière et universelle, car « je » ne peux pas exister sans « nous ».

Marie-Josée Christien

En couverture : photos de Aïcha Dupoy de Guitard

Escale : Djamile Mama Gao, poète du Bénin (dossier de Louis Bertholom)

Avis de tempête / Taol kurun : carte blanche à Monique W. Labidoire pour un billet d’humeur

Mémoire / Koun : François-René de Chateaubriand (Saint-Malo, 1768 – Paris, 1848) par Yannick Pelletier

Points de vue : Sève noire pour voix blanches de Jean-Louis Bernard (Alcyone), lu par Jacqueline Saint-Jean, Marie-Josée Christien et Valérie Canat de Chizy. 

Chroniques sauvages : 

Nuits d’encre , chronique de Marie-Josée Christien : sous réserves des articles sur des livres de Fabien Clouette, Jean-Luc Le Cléac’h, Salah Al Hamdani, Patrick Picornot, Alain Lacouchie, Anna Jouy, Tahar Bekri, Hervé Martin, Cécile Aurimont, Béatrice Marchal, Christophe Dauphin, Lydia Padellec, Christian Bulting, Pierre Tanguy, Claire Fourier, Pierre Louarn, Patricia Godard, Marie-Hélène Prouteau, Jean-Claude Touzeil & Yvon kervinio. 

Passages , chronique de Guy Allix : articles sur des livres de Gérard Cléry, Gilles Baudry, Bruno Sourdin, Jean-Pierre Siméon.

Épilogue du cycle Armand Robin : Armand Robin, une histoire familiale en creux, par Gilles Ourvoie

Vagabondages : notes de lecture par Claude Serreau, Jacqueline Saint-Jean, Eve Lerner, Pierre Tanguy, Louis Bertholom, Bruno Geneste, Patrice Perron.Sur des livres de Lydia Padellec, Chantal Couiliou, Gérard Le Gouic, Marie-Françoise Hachet de Salains, Jean-Paul Kermarrec, Christine Guénanten, Guénane, Jean Lavoué et un CD d’Eve Lerner, 

Tamm-Kreiz : Colette Klein (dossier de Marie-Josée Christien)

L’incertitude pour principe : 

Avec   Guy Allix, Cécile Belleyme, Louis Bertholom, Jacques Bonnefon, Marie-Claude Bourjon, Christian Bulting, Valérie Canat de Chizy, Carole Carcillo Mesrobian, Marie-Josée Christien, Chantal Couliou, Lorenzo Foltran, Christine Kervéadou, Jean-Luc Le Cléac’ h, Nelly Lecoq, Ghislaine Le Dizès, Antoine Leprette, Pierre Louarn, Philippe Mathy, Lydia Padellec, Damien Paisant, Patrice Perron, Jacqueline Saint-Jean, Sydney Simonneau, Murielle Vanderplanke.

Photographies pages intérieures : Philippe Mathy, Cécile Belleyme.

L’incertitude pour le principe 

« Méfie-toi de ceux qui se réclament de la certitude. »

Glenmore

La piste ici offerte à notre réflexion créative est un clin d’œil, en forme de boutade, au « principe d’incertitude » formulé par le physicien Heisenberg en 1927. S’il n’est bien sûr pas question de faire une analogie simpliste entre le domaine de la mécanique quantique et celui de la poésie et des arts, il n’en reste pas moins qu’on peut envisager l’incertitude comme un appel d’air et une invitation à s’affranchir des dogmes et des vérités définitives .

Loin d’être une méconnaissance ou une ignorance, l’incertitude laisse entendre que tout savoir est provisoirement et permettre doit une infinité de questionnements, ce que le physicien et philosophe des sciences Etienne Klein résume ainsi :  « Ignorer qu’on ignore, c’ est ne pas savoir. Savoir qu’on ignore, c’est savoir totalement car on sait à la fois ce qu’on sait et ce que l’on ne sait pas.»

Les certitudes sont en effet à l’opposé de toute démarche de connaissance. Selon Boris Cyrulnik, « l’ignorance provoque un tel état de confusion qu’on s’accroche à n’importe quelle explication afin de se sentir un peu moins embarrassé. C’est pourquoi moins on a de connaissances, plus on a de certitudes ».

L’incertitude n’est pas pour autant synonyme d’indécision et de mollesse, d’impossibilité de choisir. Car, non, toutes les opinions ne se valent pas. L’incertitude est étrangère au relativisme à outrance apparue ces dernières décennies, consternante complaisance si proche de la lâcheté intellectuelle. A contrario, en supposant libre cours à un faisceau infini de possibilités, les savoirs et créations se réactualisent en permanence et ainsi se renouvellent. En adoptant l’incertitude pour principe, nous éloignons des modèles figés. Nous nous affranchissons du poids du déterminisme et de la fatalité, pour mieux rendre compte des nuances et des aléas de notre monde incertain.Avoir l’incertitude pour principe, c’est se mettre davantage en quête de questions que de réponses. 

Marie-Josée Christien

Au sommaire du n°27 

En couverture : Oeuvres de Nina Gabrielyan

Edito : Vers l’extinction des feux ? par Marie-Josée Christien

Hommage à notre amie Brigitte Maillard (1954-2021)

Escale : Nina Gabrielyan, poète et peintre russe, d’origine arménienne, dossier de Louis Bertholom 

Avis de tempête : Carte blanche à Mérédith Le Dez pour le billet d’humeur

Mémoire : Annaïg Renault (1946-2012), par Nicole Laurent-Catrice

Points de vue : Il a neigé tant de silence, suivi de Invisible ordinaire de Gilles Baudry (nouvelle édition, Rougerie), lu par Pierre Tanguy, Brigitte Maillard et Marie-Josée Christien

Chroniques Sauvages : 

Nuits d’encre, chronique de Marie-Josée Christien, avec sous réserves : Jean-Noël Guéno : Veille, rideau de pluie (Le Petit Pavé) – Françoise Ascal : L’obstination du perce-neige (Al Manar) – Georges Cathalo : Sous la ramée (Henry) – Philippe Mathy : Etreintes mystérieuses  (L’ail des ours) – Adeline Baldacchino : Le chat qui aimait la nuit (Rhubarbe) – Eric Chassefière : L’Immédiat de Vivre (Sémaphore) – Lydia Padellec : Mémoires d’une enfant dérangée (Lunatique) – Christophe Dauphin : Totem normand pour soleil noir (Les Hommes sans Epaules) – Bernard Grasset : Brise (Jacques André Editeur) – Brigitte Maillard : Le Mystère des choses inexplicables (Monde en poésie) – Eve Lerner : Le chaos reste confiant (Diabase) – Pascal Rannou : La littérature bretonne de langue française (Yorann Embanner) – Alain-Gabriel Monot : Louis Bertholom, le poème comme un cri (Yorann Embanner) – Jacqueline Saint-Jean : Sauver l’hiver (Encres Vives) – Jacques Morin : Père. Roman du (Henry) – Cécile Guivarc’h : Cent ans au printemps (Lieux-Dits) – Angèle Paoli : Lauzes (Al Manar) – Pierre Tanguy : La cueillette des mûres (La Part Commune) – Denise Le Dantec : La strophe d’après (Les éditions sans Escale) – Joël Sadeler : Grains de ciel (Donner à Voir) – Roland Nadaus : Le miroir amnésique (Henry) – Jean Lavoué : Voix de Bretagne (L’Enfance des arbres)  – Grall – Perros : Regards croisés (La Part Commune) – Pierre Tanguy : Poètes en Bretagne (Les Editions Sauvages) – Mérédith Le Dez : Un libraire (Philippe Rey) – Gérard Le Gouic : Exercices d’incroyance (Gallimard). 

Passages, chronique de Guy Allix : Riches heures avec chien de Gérard Cléry – Mauvaise herbe de Patricia Suescum

Revues d’ici… Revues d’ailleurs, par Marie-Josée Christien

Armand Robin et la liste noire (2ème et dernière partie),  par Jean Bescond

Vagabondages : notes de lecture par Jacqueline Saint-Jean, Patrice Perron et Lydia Padellec.

Tamm Kreiz : Georges Cathalo et ses rencontres en poésie (présentation et entretien, dossier préparé par Marie-Josée Christien)

Célébration de l’ennui : poèmes, textes courts, nouvelles, dessins et photos.

Les auteurs sélectionnés sont (ordre alphabétique) : Guy Allix, Louis Bertholom, Jacques Bonnefon, Alain Brissiaud, Marie-Claude Bourjon, Marie-Josée Christien, Chantal Couliou, Jean-Marc Gougeon, Anne Jullien, Jean-Luc Le Cléac’h, Nelly Lecoq, Gérard Le Gouic, Antoine Leprette, Brigitte Maillard, Myriam OH, Lydia Padellec, Patrice Perron, Morgan Riet, Sydney Simonneau

Célébration de l’ennui

« Je ne m’embête nulle part, car je trouve que, de s’embêter, c’est s’insulter soi-même. »

Jules Renard, Journal, 5 septembre 1893.

  Que ce soit dans la sphère privée ou professionnelle, comme dans l’imaginaire collectif, l’ennui est mal perçu. Depuis notre plus jeune âge, le désoeuvrement est l’ennemi à abattre, à coup de travail, de  loisirs et de divertissement. Notre société frénétique, construite sur l’injonction de l’activité et la peur de l’ennui, nous met en état de sollicitation permanente. Nos emplois du temps surchargés lui laissant peu de place, l’ennui est cependant plus craint que réellement vécu. C’est bien dommage car l’ennui  est indispensable. « Cet obscur ennemi qui (…) ronge le cœur »  (Baudelaire) n’est pas un fléau,  mais une aubaine, un bienfait !  

  Les pédiatres et les pédagogues tirent la sonnette d’alarme et recommandent pour les enfants des moments réservés à l’ennui, qui stimule bien davantage que l’abondance d’activités. Pour les spécialistes de l’enfance, l’ennui permet de rendre curieux, de développer l’imaginaire, la créativité, la connaissance de soi. Il faut reconnaître que pour bien des écrivains et des artistes, l’ennui dans l’enfance  a été déterminant.

  Selon les neuropsychologues, lorsque le cerveau se met au repos, l’ennui devient bénéfique et essentiel pour ses fonctions. S’ennuyer permet non seulement au cerveau de se reposer mais également de faire vagabonder son esprit et laisser libre court à son imagination. C’est la voie du retour sur soi, pour se mettre en jachère et se réconcilier avec son monde intérieur.

  En laissant du temps au temps, en acceptant de ne rien faire, on se crée les conditions nécessaires à l’ennui. Profitons de ces moments pour simplement regarder, rêver et nous laisser porter. Ouvrant le regard,  l’ennui est bien  le moteur de la créativité. 

  Et si on prenait le temps de s’ennuyer un peu ?

Marie-Josée Christien

Lire l’article de Jacmo sur le site web de la revue « Décharge »

Au sommaire 

Couverture : Emmanuelle Mathieu (photographies)

Escale : Issa Hassan Al Yasiri, d’Irak à Montréal, dossier élaboré par Louis Bertholom

Marie-Claire Bancquart i.m., par Jean Bescond

Mémoire : René Guy Cadou par Pierre Tanguy

Avis de tempête / Taol Kurun : Billet d’humeur, carte blanche à  Roland Nadaus

Points de vue : Ce qu’il reste de lumière, suivi de Au large de Douleur de Salah Al Hamdani (Les Editions Sauvages, 2020), lus par Eve Lerner, Gérard Cléry et Jacqueline Saint-Jean.

Chroniques sauvages :

Nuits d’encre par Marie-Josée Christien : Je suis… Georges Brassens de Guy Allix & Michel Baglin (Jacques André Editeur) – Sémaphore en mer d’Iroise de Claire Fourier (Locus Solus) – Il y a un chemin de Brigitte Maillard (Librairie-Galerie Racine) – Vu, vécu, approuvé. de Jean-François Mathé (Le Silence qui roule) –  L’arrogance des jours de Salah Al Hamdani (Al Manar) – Le modèle oublié de Pierre Perrin (Lafont) –  Rock-blues de Louis Bertholom (Sémaphore) – Cahiers des chemins qui ne mènent pas de Jean-Louis Bernard (Alcyone) – Riverains infimes de Jean-Louis Bernard (Les Lieux-Dits) – Matière ardente de Jacqueline Saint-Jean (Les Solicendristes) – Téphra de Irène Guyraud (Al Manar) –  Belvédères de Bernard Berrou (Locus Solus) – Tout est dit ? de Jean-Luc Maxence (Le nouvel Athanor) – Comme un bouquet de fleurs mouillées de Pierre Tanguy (Des Sources et des Livres) – De l’étoffe dont sont tissés les nuages de Adeline Baldacchino (L’ail des ours) – Archéologue, hasard et destinée de Jean-Paul Le Bihan (Pétra) – Un silence de verdure de Gilles Baudry & Nathalie Fréour (L’enfance des arbres), Jour et nuit de Michel Baglin (La malle d’aurore), Contes préhistoriques de Pierre Gouletquer (Vivre Tout Simplement), L’immensité des liens de Colette Wittorski (L’Harmattan)

Passages par Guy Allix : Pour la vie de Nicole Laurent-Catrice (La Part Commune) – Govrache (CD). 

Le coup de coeur de Jean Bescond : Armand Robin et la liste noire (1ère partie)

Vagabondages : articles de Jacqueline Saint-Jean (Partout et même dans les livres de Eve lerner – Vigie de Emmanuelle Le Cam). Articles de Patrice Perron (Ma Patagonie de Guénane – Le sein de la terre de Marilyse Leroux et Véronique Durruty)

Dossier « Tamm Kreiz »  : Nicole Laurent-Catrice, la poésie en action (dossier de Marie-Josée Christien)

S’émerveiller !  :  textes courts, poèmes, nouvelles, en français ou/et en breton. 26 auteurs retenus (dont 5 pour la première fois dans notre revue ) : Guy Allix, Serj Ar Falc’her, Louis Bertholom, Alain Brissiaud, Marie-Claude Bourjon, Valérie Canat de Chizy, Annie Cariou, Marie-Josée Christien, Gérard Cléry, Chantal Couliou, François Desodt, Jean-François Dubois, Marie Evkine, Maï Ewen, Mireille Fargier-Caruso, Jean-Marc Gougeon, Anne Guerber-Jézéquel, Jean-Luc Le Cléac’h, Ghislaine Lejard, Brigitte Maillard, Hervé Martin, Lydia Padellec, Jacqueline Saint-Jean, Jeanine Salesse, Sydney Simonneau, Luc Vidal. 

S’émerveiller !  

« Le poète est celui qui tout au long de son existence conserve le don de s’émerveiller. »

André Lhote  (1885-1962)

  Dans notre société désabusée où il est de bon ton d’afficher son indifférence voire d’exprimer son cynisme, s’émerveiller est devenu désuet, associé à la naïveté et à la candeur, et même  parfois assimilé à la niaiserie. Ayant atrophié puis renié notre aptitude à nous émerveiller, nous l’avons désormais reléguée au seul domaine de l’enfance.

  Pourtant, la capacité de s’émerveiller n’a rien à voir  avec cet optimisme béat qui précède souvent les désillusions. Les Surréalistes avaient bien identifié l’enchantement du merveilleux fondé sur le pur étonnement, et exploré cette expérience fondamentale qui nous conduit à la frontière de nous-mêmes.  L’émerveillement  s’incarne dans cette sensation qui donne corps à l’instant et nous gratifie de l’absolue certitude d’être vivants ici et maintenant. C’est un  état suspendu du monde, qui déstabilise, oblige à regarder au-delà de soi-même. Cet état intérieur vivifiant pourrait aussi se nommer admiration, ravissement, étonnement, enchantement. Cette capacité d’être réellement présent au monde et à l’autre, dans la reconnaissance de ce qui nous entoure, n’est-elle pas aussi l’amour même ? 

  Pour être capable de s’émerveiller, il nous faut prendre le long chemin du dépouillement et accepter le réel tel qu’il est, pour en accueillir l’incertain, l’inattendu. Si nous n’y prenons garde, cette merveilleuse capacité émotionnelle, constitutive des fondamentaux de  notre humanité, pourrait disparaître des facultés humaines. Alors osons nous émerveiller, acceptons d’être saisis par l’émotion, de recevoir le merveilleux, de nous ouvrir au monde. Préparons-nous à être surpris par les infimes bruissements de la vie. Osons donner à lire des écrits qui stimulent notre capacité à vivre le présent dans le simple émerveillement de ce qui est.

Au sommaire du n°25

Couverture : Sophie Degano

Escale : Miloud Gharrafi, poète de langue arabe, romancier et traducteur (dossier de Louis Bertholom)

Avis de tempête / Taol Kurun : carte blanche à Georges Cathalo

Mémoire : Anatole Le Braz (1859 – 1926) par Erwan Chartier

Points de vue : Entrer dans le paysage, de Georges Drano (Folle Avoine, 2018), lu par Georges Cathalo,  Marie-Josée Christien et Jacques Josse.  

Chroniques sauvages :

Nuits d’encre, par Marie-Josée Christien : livres de  Lydia Padellec (Cicatrice de l’Avant-Jour), Guy Allix & Pointilleuse (Les Couleurs du Petit Peintre), Louis Bertholom (L’enfant des brumes), Angèle Paoli (Italies Fabulae), Jean-Claude Touzeil & Yvon Kervinio (Vox populi), Mérédith Le Dez (La nuit augmentée), Bruno Geneste & Paul Sanda (Saint-Pol-Roux), Marie-Hélène Prouteau (Le Coeur est une place forte), Marie Murski (Ailleurs jusqu’à l’aube), Jeanine Salesse (L’épaule du paysage), Olivier Cousin (J’ai le souvenir carnivore), Anthologie Jardin(s),  Alain Boudet (Bistrots), Jacqueline Saint-Jean (Sommeil-Océan), Pierre Tanguy (Un chant parmi les ombres). 

Passages, par Guy Allix : Concerts de l’un et du multiple de Gérard Mottet (Unicité), Affolement du sang de Marie-Josée Christien (Al Manar) 

Revues d’ici… et d’ailleurs

Armand Robin et Georges Brassens (3), par Jean Bescond : Armand Robin dans les lettres de Brassens. 

Vagabondages : articles de Jean-Louis Bernard,  Claire Fourier, Jacqueline Saint-Jean, Gérard Cléry, Patrice Perron…

Tamm-Kreiz : Jean-François Mathé

La Légende de la Mort du temps présent : 26 auteurs ;   (ordre alphabétique) Guy Allix, Marc Baron, Louis Bertholom, Marie-Claude Bourjon, Alain Brissiaud, Annie Cariou, Marie-Josée Christien, Gérard Cléry, Chantal Couliou, Hélène Decoin, Jean-Marc Gougeon, Anne Guerber-Jézéquel, Michelle Labbé, Emmanuelle Le Cam, Mérédith Le Dez, Jean-Luc Le Cléac’h, Brigitte Maillard, Pierre Maubé, Roland Nadaus, Lydia Padellec, Patrice Perron, Morgan Riet, Jacqueline Saint-Jean, Philippe Simon, Sydney Simonneau, Olivier Verdun. 

Présentation

La Légende de la Mort du temps présent 

  Est-il aujourd’hui tabou plus grand, déni plus flagrant, que celui de la mort ? Cachée de nos bonnes consciences derrière les murs désignés de quelques initiales aseptisées et anonymes, elle est devenue embarrassante et honteuse. Il est devenu de nos jours plus commun et facile de s’exprimer sur la sexualité, même s’il y a beaucoup à redire sur la manière, souvent grossière et malsaine, que sur la mort. On édulcore, on évoque pudiquement « la disparition » d’un proche. Nos morts nous « ont quittés », « sont partis », « se sont éteints », « ne sont plus » ou « ont disparu ».  Même quand un décès survient à un âge avancé, on croit bon d’ajouter la circonstance d’une maladie pour explication, comme si la mort ne pouvait plus être naturelle.

  En 1893, Anatole Le Braz faisait paraître La Légende de la Mort (1), fruit de son long collectage de témoignages, de récits et  de chants populaires de la tradition orale en langue bretonne, où anaon (2),  revenants,  intersignes et présages faisaient partie du quotidien ordinaire. Cette somme, qui se réfère aux rites, aux croyances et aux coutumes funéraires en usage chez les paysans et les marins de son époque, témoigne d’un imaginaire collectif resté vivace, d’une riche vision du monde transmise depuis des siècles par les voix anonymes précédentes. Ainsi la figure de l’Ankou (le mot est masculin), héritage d’une mythologie ancienne, symbolise avant tout  le cycle de la vie et de la mort. La conscience de la mort est universelle. Elle n’est pas propre à la culture bretonne. On retrouve des mythes et  des symboles sur la relation à la mort sous toutes les latitudes, dans toutes les civilisations, en particulier chez les peuples animistes et orientaux.

  Le déni de la mort, conçue comme un  accident sur le parcours d’une vie matérielle qu’on aimerait éternelle, est bien une marque de la société inhumaine et éclatée de notre vingt-et-unième siècle occidental.Que faut-il comprendre dans ce refus de voir que la mort est la destination inévitable au bout de nos vies ? La  manière de concevoir et d’aborder la mort en dit long sur le degré de cohésion et d’humanité de toute société. En occultant la mort, la nôtre révèle un manque évident de lucidité sur ce qu’est l’existence. En séparant la mort du cycle de la vie, celle-ci est devenue mortifère, car elle nous interdit tout apprentissage de notre finitude. 

  La littérature des siècles précédents, y compris du 20ème, nous a pourtant donné un vaste référentiel de textes essentiels sur la mort, de Sénèque à Cioran, de François Villon à Xavier Grall. Citons aussi Rabelais, Christine de Pisan, Pascal, Novalis, Baudelaire, Rimbaud, Rilke, et, plus près de nous, Saint-Pol-Roux, Eluard, Paul Celan, Senghor, Danielle Collobert, Georges Perros… Le minimum que nous puissions faire aujourd’hui est de ne pas participer au déni sémantique général, car « mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde » comme l’écrivait Albert Camus en 1944. La mort n’est certes pas l’objet de notre existence mais il serait vain d’ignorer que nous ne sommes que de passage. Poètes et artistes, écrivains, penseurs, serons-nous collectivement capables de relever le défi ou nous enfoncerons-nous dans la spirale inexorable de l’aveuglement ?

  Retrouvons notre mémoire et renouons avec  la dignité des mots justes. Un imaginaire collectif existe quand il sait se confronter aux interrogations, aux désirs, aux tourments de son temps et se transformer sans cesse. En trouvant les mots pour penser et dire la mort de notre temps, nous découvrirons humblement que notre vie est certes précaire, mais précieuse. Et pleinement conscients de notre finitude, loin de toute morbidité, nous qui sommes de passage saurons que nous sommes mortels et, ô combien, intensément vivants (et plus heureux de cette lucidité même) ! Ainsi se poursuivra La légende de la Mort du temps présent.

Marie-Josée Christien 

(1) A noter que, malgré son titre,  La Légende de la Mort n’est pas un recueil de contes et légendes.

(2) Mot breton pour désigner à la fois les défunts et les âmes.

Au sommaire du n° 24 

Couverture 1ère et 4ème  : J.G. Gwezenneg

Mémoire / Koun : Louis Guilloux (1899-1980) par Yannick Pelletier 

Avis de tempête / Taol kurun : billet d’humeur, carte blanche à Jean Rio et Kristian Le Thuaut. 

Escale : Salah Al Hamdani (poète et écrivain né en 1951 en Irak), dossier préparé par Eve Lerner

Chroniques Sauvages :

Nuits d’encre, chronique de Marie-Josée Christien : Jean-François Mathé (Prendre et perdre, Rougerie), Guy Allix (En chemin avec Angèle Vannier, Unicité), Jacques Morin (Trois saisons et demie, Atelier de Groutel), Lydia Padellec (Duos, anthologie, Bacchanales), Annie Coll (N’avez-vous pas vécu ?, Le nouvel Athanor), Angèle Paoli (Terres de femmes, anthologie bilingue, Editions des Lisières), Luigia Sorretino (Figure de l’eau, Al Manar), Gérrad Cléry (Parfois matin, parfois minuit, Editions de la Lune bleue), Evelyne Morin (anthologie Coll. Poètes Effacés, Le nouvel Athanor), Christophe Dauphin (Patrice Cauda, Les Hommes sans Epaules), Claire Fourier (Tombeau pour Damiens, Editions du Canoé)

Passages, chronique de Guy Allix : Laurence Bouvet (On ne sait pas que les mères meurent, Unicité), Adeline Baldacchino (Celui qui dit non, Fayart)

Revues d’ici, revues d’ailleurs : Sémaphore, Digor, Elaïg, Hopala !, 7 à dire, Avel IX, Les Cahiers du Sens, Décharge, Ecrit(s) du Nord, Vocatif, Concerto pour marées et silence, Mange monde, Comme en poésie, Saraswati, Poésie-sur-Seine

Points de vue : L’au-delà du monde, de Brigitte Maillard (LGR), lu par Denis Heudré, Gérrad Cléry et Marie-Josée Christien

Coup de coeur de Jean Bescond : Armand Robin et Georges Brassens (2ème partie)

Vagabondages : notes de lecture de Eliane Biedermann (Marie-Josée Christien), Bruno Geneste (Emmanuelle Le Cam, Pierre Guéry, Isabelle Moign), Patrice Perron (Josyane de Jesus-Bergey, Jacques Ibanès), Jacqueline Saint-Jean (Emmanuelle Le Cam, Eve Lerner, Hélène Vidal), Pierre Tanguy (Guy Allix)

Tamm Kreiz : Jeanine Baude (présentation et entretien avec Marie-Josée Christien)

Sens dessus dessous : poèmes, textes courts et nouvelles (en français ou/et en breton). 

Avec 27 auteurs :  Salah Al Hamani, Guy Allix, Louis Bertholom, Alain Brissiaud, Marie-Claude Bourjon, Tom Buron, Annie Cariou, Marie-Josée Christien, Gérard Cléry, Annie Coll, Chantal Couliou, Roger Dautais, Flora Delalande, Colette Gibelin, Jean-Marc Gougeon, Jean-Paul Le Bihan, Jean-Luc Le Cléac’h, Mérédith Le Dez, Patrick Lepetit, Eve Lerner,  Gérard Mottet, Tom Nisse, Patrice Perron, Morgan Riet, Jacqueline Saint-Jean, Sydney Simonneau et Murielle Vanderplancke. 

Articles à découvrir :

Article sur le site du Festival du livre en Bretagne de Carhaix.

Le numéro est « Revue du mois » (novembre) de la revue Décharge. Lire l’article très complet de Jacmo.

Quelques articles de ce numéro sont repris :

A propos de Luigia Sorrentino

Sur le site « Les Hommes sans Epaules »  :

A propos de la revue n°45

A propos de Patrice Cauda

A propos de Duos, l’anthologie de Lydia Padellec

A propos de « Parfois minuit » de Gérard Cléry.

Icaria d’Annie Coll sur Terres de Femmes (Angèle Paoli)

L’au-dela du monde de Brigitte Maillard, lu par Denis Heudré

Sens dessus dessous

  « La privation de sens est la forme la plus subtile du lavage de cerveau », écrit Bernard Noël en s’élevant contre ce qu’il nomme la « sensure », ce vide mental par détournement du sens des mots qui s’étend et gangrène aujourd’hui jusqu’à la poésie.

Mais ce brouillage du sens peut aussi s’imposer parce nous ne sollicitons plus nos sens et oublions qu’ils sont les organes qui nous permettent de percevoir le monde  auquel nous appartenons.

  C’est une idée erronée, sans sens, d’opposer l’esprit et les sens. Ce sont nos fonctions biologiques élémentaires qui, en réveillant une palette d’émotions et de sensations, déclenchent notre activité cérébrale. La pensée a des ressorts insoupçonnés. Pour accueillir le monde en nous, pour penser, imaginer et créer, il nous faut sentir, regarder, toucher, goûter, entendre. L’activation de nos sens met notre pensée en mouvement et intensifie notre existence. Nos sensations, nos émotions, nos sentiments passent ainsi de notre corps à notre esprit. La maladie nous rappelle cruellement par ailleurs combien il peut être dangereux de censurer nos sens.

  Depuis sa création, Spered Gouez place au centre de sa démarche « l’esprit sauvage » qui convoque l’alliance des sens et de l’esprit, de l’émotion et de l’intelligence. L’instinctif et le rationnel peuvent parfois se télescoper mais ils ne s’opposent pas.  Les sensations et la raison se croisent et se mêlent, vivifient et densifient la pensée.

  Ce retour aux sens est nécessaire dans notre monde de « sensure », par ces temps de « fausse parole » aux rouages qui ont été lucidement décrits par Armand Robin. Non pas nécessairement par « le dérèglement de tous nos sens » ainsi que formulait Rimbaud, mais par leur sollicitation active, par la marche, le mouvement, l’activité physique. Pour retrouver du sens à notre existence, reprenons  les choses dans le bon sens. Afin que notre intelligence et nos sens se ressourcent réciproquement, en une boucle ininterrompue. 

Marie-Josée Christien 

Ce numéro 23 est élu « Revue du mois  » de décembre 2017 par Jacmo et la revue Décharge

Au sommaire

 En couverture et illustrations intérieur : Michel Le Sage

Mémoire : Hélène Cadou (1922-2014) par Ghislaine Lejard.

Avis de tempête / Taol kurun : billet d’humeur, carte blanche à Lucien Wasselin

Points de vue : Demeure d’Angèle Vannier, suivi de 12 poèmes d’Angèle Vannier,  de Nicole Laurent-Catrice (Les Editions Sauvages). Articles de Gérard Cléry et Guy Allix. 

Escale : Alberto Pimenta, poète portugais contemporain, né en 1937. Dossier préparé par Eve Lerner. 

Chroniques Sauvages : 

Nuits d’encre, chronique de Marie-Josée Christien : Silence hôpital de Pierre Tanguy (La Part Commune), Faites battre vos candeurs de Eve Lerner (Diabase), Cavalier seul de Mérédith Le Dez (Mazette), Silencieux de Alain Clastres (Unicité), Lettre d’un athée à un ami croyant de Michel Baglin (Henry), Passant de Gérard le Gouic (Telen Arvor), Empreintes, mémoire d’ île, d’Henri Girard et Jean-Paul le Bihan (CEMO et CRAF éditeurs). 

Passage, chronique de Guy Allix :  Anthologie poétique de André Malartre (par Yves Leroy) etQuelques notes avec Brassens de Joel Favreau. 

Revues d’ici, revues d’ailleurs, par Marie-Josée Christien

Le coup de coeur de Jean Bescond : Armand Robin dans les oeuvres de fiction de Georges Brassens. 

Vagabondages : notes de lecture de Jacqueline Saint-Jean (sur des livres de Marie-Hélène Prouteau, Marilyse Leroux, Silvaine Arabo), de Patrice Perron (livres de Yvon Kervinio, Jean Grin, Arto Paasilinna), de Bruno Geneste (livres de Isabelle Moign / Jean-Yves Gloaguen, Tom Buron)

Tamm Kreiz : dossier consacré à Jean-Paul Kermarrec (poète, 1er lauréat du Prix Xavier-Grall pour l’ensemble de son oeuvre en 2006, responsable de rédaction de Digor, la revue annuelle de la Maison de la poésie du pays de Morlaix). 

Viv(r)e l’utopie : Textes courts (poésie, nouvelle, récit, aphorisme, réflexion) inédits en français ou/et en breton.

Auteurs retenus par le comité de lecture (ordre alphabétique) : Danielle Allain Guesdon, Guy Allix, Louis Bertholom, Jean-Pierre Boulic, Alain Brissiaud, Annie Cariou, Marie-Josée Christien, Karim Cornali, Chantal Couliou, Flora Delalande, Chantal Dupuy-Dunier, Maï Ewen, Mireille Fargier-Caruso, Jean-Marc Gougeon, Valère Kaletka, Alain Lacouchie, Denis Langlois, Jean-Luc Le Cléac’h, Eve Lerner, Marilyse Leroux, Brigitte Maillard, Evelyne Morin, Lydia Padellec, Angèle Paoli, Sydney Simonneau  

Viv(r)e l’utopie ! 

« Faites que le rêve devienne votre vie, afin que la vie ne devienne pas votre rêve. »

Antoine de Saint-Exupéry

L’utopie, née d’un néologisme forgé en 1516 par l’écrivain humaniste anglais Thomas More pour nommer l’île d’Utopia abritant dans son récit une société idéale imaginaire, aujourd’hui synonyme de rêve impossible et irréalisable, n’a plus le droit de cité, sans être l’objet de réprobations et de railleries.

La seule perspective présentée aujourd’hui comme l’horizon indépassable de notre organisation sociale est celle de la course effrénée  à la consommation qui ne répand dans son sillage que précarité et régression sociale, isolement, souffrance et désespoir. Ce leurre nous laisse dans un désenchantement sans précédent, car même l’espoir nous est désormais interdit. Tandis qu’une caste s’octroie des passe-droits et de surcroît s’arroge tous les droits, notre littérature est encombrée de faiseurs et de livres inutiles. La lutte est rude et sans pitié pour ceux qui sont sans boussole dans le tohu-bohu ambiant. Dans cette société figée dans ses inégalités, nous avons plus que jamais besoin d’un horizon d’attente, d’un lieu où la fragilité puisse tenir face à la violence conquérante du monde. Pour traverser le désenchantement et le désarroi, se tenir à l’écart de fausses consolations et des impasses, nous avons besoin d’utopie pour vivre.

L’utopie n’est pas l’irréel, encore moins l’irréalisable, mais ce qui n’est pas encore advenu. Idéal et mais surtout projet concret de l’aventure humaine, elle convoque accueil, douceur, attention à ce qui est autre. Vivre l’utopie, c’est refuser les leurres et mensonges qui nous sont présentés comme incontournables. L’utopie, lieu des valeurs humanistes, est ce qui nous relie. Processus collectif, c’est un bien public qui  cimente les liens et consolide la démocratie. L’utopie est l’urgence poétique la plus accomplie. Quand il n’y a pas d’utopie, la vie se sclérose… et meurt.

Et si l’utopie absolue était la poésie ? Parce que nous croyons à son miracle, à son pouvoir vital sur la pensée et le réel. Parce que tout reste possible. Vive l’utopie !

Marie-Josée Christien 

Au sommaire du n°22 :

– En couverture : oeuvres de Janladrou

– Avis de tempête : Carte blanche à Jean-Luc Pouliquen pour le billet d’humeur

Le billet d’humeur de Jean-Luc Pouliquen a été repris sur le site de Guy Allix.

– Mémoire : Jean-Marie Gilory se souvient d’Yves Cosson

– Escale : Kush (San Francisco), dossier élaboré par Eve Lerner

 Point de vue : Bestioleries poétiques de Georges Cathalo, articles de Gérard Cléry, Guy Allix et Marie-Josée Christien

– Nuits d’encre, chronique de Marie-Josée Christien : livres de Claire Fourier, Anthologie Arbre(s), Eliane Biedermann, Bruno Sourdin, Jean-François Mathé, Sophie Degano, Mireille Fargier-Caruso, Brigitte Maillard. 

– Passages, chronique de Guy Allix : livres de Marlène Tissot, de Jean-Pierre Siméon. 

On peut lire ici ces deux articles.

– Le coup de coeur de Jean Bescond : Christian Gury : Armand Robin et Anne Caprile, une amitié d’artistes (éditions Non-Lieu). 

– Vagabondages, articles et notes de lecture de Bruno Geneste (sur des livres de Serge Pey et de Alain Souissa), Patrice Perron (sur des livres de  Eve Lerner et de Liam Fauchard), Jacqueline Saint-Jean (sur un livre de Michel Cosem), Luc Vidal (sur un livre de  Marie-Josée Christien),  Jean-Claude Bailleul (sur la revue 7 à dire)

– Tamm Kreiz : Michel Baglin (dossier élaboré par Marie-Josée Christien).

Pour découvrir Michel Baglin : dossier de février dans la revue sur internet Possible.

– Eloge de la frontière : poésie, nouvelles, récits courts. En français et/ou en breton. 22  auteurs (ordre alphabétique) : Guy Allix, Jean-Claude Bailleul, Adeline Baldacchino, Louis Bertholom, Jean-Pierre Boulic, Alain Brissiaud, Gilles Cervera, Marie-Josée Christien, Jean-Louis Clarac, Ivan de Monbrison, Jean-Marc Gougeon, Jean-Luc Le Cléac’h, Mérédith Le Dez,Eve Lerner, Marilyse Leroux, Brigitte Maillard, Pierre Perrin, Patrice Perron, Jacqueline Saint-Jean, Claude Serreau, Sydney Simonneau  et Sanda Voïca. Avec un dessin de Nono.

Eloge de la frontière 

« Qu’est-ce qui nous fait tellement aimer une frontière ?

Pourquoi ce tremblement au moment de la traverser ? »

Jacques Darras (Anthologie personnelle 1988-2012, Poésie Gallimard)

« Je déteste le rideau soulevé et l’œil qui épie derrière la fenêtre ».

Juliette Gréco (entretien dans Télérama n°3443, janvier 2016)

Il est aujourd’hui devenu consensuel, au nom de l’ouverture et de la libre circulation,  de se réclamer de la transparence en toutes situations.  Mais d’une demande légitime qui relève de la démocratie la plus élémentaire, on a vite basculé vers une société aliénante où tout devient spectacle. Au point que la vie quotidienne devient peu à peu un vaste « open space ». Avec l’oppression perpétuelle d’être sous les regards, nous sommes entrés dans un processus de déshumanisation et de chosification sans précédent. L’injonction de la transparence crée de la confusion et conduit à l’uniformisation de la pensée.

Des calculateurs puissants sauront bientôt tout de nous, à notre insu, mais bien souvent de notre plein gré, puisque nous fournissons nous-mêmes nos données et les traces qui peuvent prévoir nos comportements, nos désirs, nos intentions, nos pensées. La société libérale d’aujourd’hui exerce un contrôle social sans faille et, défaisant les ancrages, considère que les êtres humains sont interchangeables. Le processus d’abolition de toute frontière a englobé l’intimité. Dans un contexte de mondialisation impersonnelle, on tend à confondre désormais proximité et promiscuité, regard et voyeurisme, sincérité et étalage des sentiments. Sous le dogme de la transparence, l’espace intime n’existe plus. Un dirigeant de Google a même déclaré que « la vie privée sera bientôt une anomalie ».

Or, l’absence de frontière fragilise, amène de la souffrance. Il ne peut y avoir de sentiment d’altérité quand l’individu est nié. En l’absence d’une délimitation indispensable entre la sphère sociale et la sphère privée, les individus sont devenus incapables d’avoir le souci du commun et de percevoir le lien entre intérêt collectif et intérêt individuel.

La frontière mentale est nécessaire à la vie personnelle dans ce qu’elle a de plus intime. De nombreux évènements de notre vie requièrent discrétion et confidentialité, garantes de la protection et de la richesse de notre vie intérieure. La frontière n’est pas une ligne infranchissable mais le besoin de régulièrement définir et redessiner nos relations sociales. Elle est la condition, la reconnaissance et l’emblème de l’altérité absolue. Il suffit d’une chaîne de montagnes ou d’un cours d’eau pour susciter la curiosité et l’émotion de découvrir ce qui se trouve au-delà. Sans frontière, pas de jubilation d’aller vers l’inconnu. La frontière dont nous faisons ici l’éloge est un lieu de rencontre et une ligne de généreux partage. 

Marie-Josée Christien

Au sommaire  :

Illustrations couverture et intérieur de Francis Rollet 

Edito De la place réelle de la petite édition indépendante dans l’économie du livre, par Marie-Josée Christien. 

Avis de tempête / Taol Kurun : carte blanche à Jean-Claude Bailleul pour un billet d’humeur. 

Escale :  Basarab Nicolescu, poète et physicien, auteur de Théorèmes poétiques (dossier d’Eve Lerner).

Mémoire : René Rougerie en Bretagne, par Guy Allix

Nuits d’encre, chronique de Marie-Josée Christien : Reflets de varech de Bruno Geneste, Accueil de l’exil de Anne Moser & Jean-Louis Bernard, Dans le souffle du rivage de Jacqueline Saint-Jean, Poèmes pour Robinson de Guy Allix, Et je serai aveugle aux vivants de la terre de Colette Wittorski, Le sang le soir de Guy Allix, Le jour de l’effondrement de Michèle Astrud, Au pays de Bazaine de Bernard Berrou, Les surréalistes et la Bretagne de Bruno Geneste & Paul Sanda, Auteurs des péninsules de Alain-Gabriel Monot et Catherine Le Goff. 

 Passages, chronique de Guy Allix : Elles écrivent… Elles vivent en Normandie de Nouskarabelle, Amoroso de Jean-Claude Touzeil, Sans légende de Jacques Morin

Revues d’ici, revues d’ailleurs, par Marie-Josée Christien

Coup de coeur de Jean Bescond : une lettre inédite d’Armand Robin à son éditeur. 

Vagabondages : articles de Bruno Geneste sur Paroles pour les silences à venir de Louis Bertholom, de Jacqueline Saint-Jean sur  Illuminations de Jean-Pierre Luminet, et de Patrice Perron sur Les étoiles dans l’eau de Jacques Péneau et sur L’Ankou existe, je l’ai rencontré d’André Le Ruyet.

Point de vue : Bleu naufrage de Denis Heudré (La Sirène Etoilée) par Gérard Cléry, Eve Lerner et Bruno Geneste. 

Tamm-Kreiz : Claire Fourier, en corps à corps avec le verbe (entretien avec Marie-Josée Christien).

La poésie ramène sa science : Danielle Allain-Guesdon, Guy Allix, Michel Baglin, Louis Bertholom, Alain Brissiaud, Rémi Boyer, Michel Cand, Michel Cazenave, Guy Chaty, Marie-Josée Christien, Maurice Couquiaud, Christophe Dauphin, Nicolas de Casanove, Christine Delcourt, Gwen Garnier-Duguy, Jean-Marc Gougeon, Anne Jullien, Jean-Luc Le Cléac’h, Werner Lambersy, Eve Lerner, Marilyse Leroux, Liam, Brigitte Maillard, Pierre Maubé, Lydia Padellec, Alain Raguet, Jacqueline Saint-Jean, Sydney Simonneau et Jean-Claude Touzeil. 

La  poésie ramène sa science

Ceci n’est pas une boutade, ni un jeu de mot gratuit et facile comme il en fleurit parfois dans certaines « performances » en vitrine de cette « poésie » hors sol tant adulée par nos technocrates culturels.

Poètes, qui sommes humains solitaires mais néanmoins reliés aux autres, nous nous inscrivons dans les palpitations du monde et dans le mouvement de la vie que nous captons par nos sens et notre intelligence. La poésie, en révélant les gouffres de notre ignorance, devient paradoxalement un vecteur de connaissance du monde, car, par miracle, elle sait épouser la complexité du réel et de la pensée. 

Il fut un temps où les savants étaient poètes et les poètes savants. En témoignent les œuvres phares de Lucrèce, de Démocrite et d’Héraclite. Le rapprochement de la science et de la poésie semble aujourd’hui redevenir une perspective possible. La science n’est plus une tour d’ivoire sécurisante à l’abri du doute. Elle n’exprime plus de certitudes inébranlables mais seulement des probabilités.

Poésie et sciences ont de fait de nombreux points communs, dont l’interrogation, qui est le fondement de l’écriture poétique comme celui des sciences. Toutes deux explorent et creusent le réel, en prenant appui, avec l’indispensable émerveillement, sur l’observation et l’intuition. Se fondant sur le doute, elles n’apportent que des réponses provisoires, éternellement remises en cause par d’autres questionnements. Poésie et sciences répondent à notre besoin universel de comprendre quelle est notre place dans le monde.

Par une intuition qui échappe aux explications, il arrive que le  poème nous mène vers des territoires insondables qui demeurent à dire et nous entraîne vers les questions les plus fondamentales. Dirigé vers l’universel, il interroge les sciences astrophysiques, rejoint les découvertes quantiques, réconcilie dans sa parole les multiples domaines de la connaissance, aujourd’hui fragmentés en spécialités cloisonnées. La langue du poème, en faisant vibrer d’autres cordes,  permet de dire beaucoup plus que le langage scientifique, trop spécialisé et hermétique à ceux qui n’ont pas reçu la formation adéquate. Quand la poésie ramène sa science, de nouvelles pistes s’ouvrent pour accéder à la complexité de la pensée scientifique et nous conduire au plus loin de l’obscurantisme. C’est ce chemin vivifiant aux incursions et aux ramifications multiples que Spered Gouez propose de prendre pour ce numéro.

Marie-Josée Christien 

Couverture : land art de Roger Dautais

Escale / Paouez : Eve Lerner est désormais la responsable de la rubrique. La prochaine escale sera consacrée à Malik Duranty.

Avis de tempête / Taol Kurun : carte blanche à Guy Allix pour un billet d’humeur.

Mémoire / Koun : Tristan Corbière par Jean-Albert Guénégan.

Nuits d’encre, chronique de Marie-Josée Christien : Albert Camus / Louis Guilloux, Mona Thomas, Eve Lerner, Jeanine Baude, Gérard Cléry, Robert Nédelec, Frédérique Kerbellec, Brigitte Maillard, Hervé Delabarre, Guy Allix. 

Passages, chronique de Guy Allix (sur Jean-Louis Clarac, « Le temps des rêves », Belinda Cannone)

Points de vue : Pour danser un rêvede Eve Lerner (Sac à mots éditions), articles de Jean-Claude Bailleul, Eliane Biedermann et Jacqueline Saint-Jean.

Vagabondages : articles de  Patrice Perron, Bruno Geneste et Jean-Claude Bailleul (sur des ouvrages de  Guillaume Kergourlay, Michel Cand, Christophe Dauphin, Franck Doyen, Jacques Morin)

Coup de coeur de Jean Bescond : Le Silence de Jean-Guy Soumy (prix des lecteurs du Télégramme 2014) et commentaire sur L’étranger d’ Armand Robin.

Tamm-Kreiz : Jean-Noël Guéno

Effacement : poèmes et textes de 27  auteurs sur ce thème. Présentation de Marie-Josée Christien  ci-dessous.

Pour ce numéro, Spered Gouez propose aux auteurs de faire l’expérience concrète de l’effacement : leurs  signatures disparaîtront à la publication de leur texte (leurs noms et leurs notices seront comme d’habitude dans l’index des auteurs). Les auteurs retenus au sommaine (ordre alphabétique) : Danielle Allain-Guesdon, Guy Allix, Jeanine Baude, Louis Bertholom, Georges Cathalo, Eric Chassefière, Marie-Josée Christien, Gérard Cléry, Karim Cornali, Chantal Couliou, Fora Delalande, Roger Dautais, Maï Ewen, Gwen Garnier-Duguy, Jean-Marc Gougeon, Jean-Noël Guéno, Patrick Joquel, Christophe Laventure, Jean-Luc Le Cleac’h, Ghislaine Le Dizès, Marilyse Leroux, Martine Morillon-Carreau, Patrice Perron, Sydney Simonneau, Maria Vlanti et Colette Wittorski. 

Effacement

  Face à la mise en valeur des egos surdimensionnés à la quête d’une célébrité aussi étourdissante et enivrante qu’illusoire et éphémère, Spered Gouez invite à revenir à l’effacement et à l’humilité, à « océaniser  sa goutte d’eau » comme le préconisait Armand Robin. S’effacer derrière le texte, c’est aller à l’envers de notre société et de son trop-plein de médiatisation, échapper à la caméra de surveillance de notre époque.

  L’effacement n’est pas une simple expérience personnelle mais une façon d’être au monde, un envol subtil et subversif. Se faire discret, c’est non seulement renoncer à la course à la visibilité autocentrée et à l’intérêt personnel, mais surtout abdiquer toute volonté de domination pour mieux voir l’autre, voir apparaître en soi l’éclosion du monde et être attentif à sa fragilité et à sa force sauvage.

  Sachons humblement mettre nos pas dans ceux des écrivains de la discrétion (Montaigne, Pascal, Baudelaire, Pessoa, Char, Reverdy, Robin, Blanchot… et plus près de nous Georges Perros, Paul Quéré et Youenn Gwernig par exemple) et retrouver la source première de l’intelligence sensible dans la captation des profondeurs de la pensée.

  Il est vrai que dans le langage courant, « effacé » est synonyme de falot, terne, insignifiant, supprimé. Mais quand l’effacement reprend le chemin de la modestie vraie et de l’humilité, la poésie retrouve son honneur et son éthique, sa raison d’être fondamentale, sa nécessité et peut-être qui sait ?  une audience. L’effacement est la réserve et la retenue des poètes qui ne cherchent pas à séduire et à complaire en faisant la roue dans les cours officielles, mais ont à cœur de partager une pensée éprouvée, vécue dans le ressourcement silencieux des mots.

  Quand les signatures s’effacent, quand  les textes se fondent les uns dans les autres dans l’anonymat pour faire matière commune, il reste juste un humus vivifiant qui nous révèle et signe notre humanité.  

Marie-Josée Christien

Au sommaire du n°19

Ce numéro est dédié à la mémoire de notre ami et collaborateur Alain Jégou.

Illustrations en couverture : toiles de Paul Quéré

Avis de tempête / Taol Kurun : carte blanche pour le billet d’humeur à Philippe Gicquel, poète et ancien animateur de la revue Saltimbanques.

Escale : la rubrique préparée par Alain Jégou est  consacrée à Mary Beach.

Mémoire : Angèle Vannier et le sacré par Nicole Laurent-Catrice

Point de vue : Jelle ou les mots de Jacqueline Saint-Jean (articles de Guy Allix, Marie-Josée Christien et Bruno Geneste)

Chroniques sauvages :

Nos chroniqueurs choisissent en totale liberté les livres qu’ils souhaitent mettre en lumière, avec pour seule contrainte la longueur des articles.

  • Passages par Guy Allix : Une leçon de bonheur (sur Serge Cabioc’h) * *
  • Nuits d’encre par Marie-Josée Christien : sur des ouvrages de Michel Baglin, Jean-Pierre Luminet, Alain Testart*,  Jean-Paul Jouary, Brigitte Maillard, Jean-Noël Guéno, Marilyse Leroux, Danny-Marc, Claire Fourier.
  • Vagabondages par Jean-Claude Bailleul, Eliane Biedermann, Patrice Perron et Jacqueline Saint-Jean : sur des ouvrages de Laurent Bayssière, Jean-Louis Bernard, Lucien Wasselin, Gérard Faucheux, Jean-Pierre Boulic, Frédéric Vitiello, ouvrage collectif sur Xavier Grall, Bruno Geneste/Paul Sanda.  
  • Revues d’ici… Revues d’ailleurs par Marie-Josée Christien : 20 revues recensées (6 de Bretagne et 14 d’ailleurs)

 * Alain Testart, auteur de Avant l’histoire. L’évolution des sociétés de Lascaux à Carnac (Gallimard) que je commente, est décédé le 2 septembre.

Tamm Kreiz : Chantal Couliou (dossier élaboré par Marie-Josée Christien)

Mystiques sans dieu(x) :  28 auteurs sont retenus au sommaire, dont 8 pour la première fois dans la revue.

Liste alphabétique : Danielle Allain-Guesdon, Guy Allix, Michel Baglin, Jeanine Baude, Louis Bertholom, Lörns Borowitz, Marie-Josée Christien, Gérard Cléry, Karim Cornali, Chantal Couliou, Françoise Coulmin, Bruno Geneste, Jean-Marc Gougeon, Denis Heudré, Anne Jullien, Colette Klein, Jean-Luc Le Cléac’h, Eve Lerner, Marilyse Leroux, Brigitte Maillard, Jean-François Mathé, Pierre Maubé, Patrice Perron, Marie-Hélène Prouteau, Jacqueline Saint-Jean, Sydney Simonneau, Lucien Wasselin, Colette Wittorski.

* * A découvrir

On peut retrouver la chronique « Passages » de Guy Allix (des n°17, n°18 et n° 19)  sur son site.

Présentation de la partie thématique

 Mystiques sans dieu(x)

« Le divin est en nous, ou il n’est pas »

Claude-Michel Cluny

  Spiritualité et mysticisme ne sont pas des mots désuets qu’on peinerait à prononcer par crainte de ringardise. L’importance du spirituel dans les sociétés humaines depuis l’origine n’est plus à démontrer. L’être humain a besoin, peut-être aujourd’hui plus que jamais, d’une cohérence qui excède le souci de sa propre personne et de sa simple survie au quotidien. Notre présence au monde ne va pas sans vie intérieure active, sans questionnement d’ordre métaphysique, sans souci de transcendance, religieuse ou non.

  Mais contrairement à une idée répandue, le spirituel n’est pas nécessairement religieux. Il concerne aussi les athées et les agnostiques. La foi religieuse n’est qu’une des variantes possibles du mysticisme, une direction que nous respectons puisqu’elle correspond à un cheminement personnel et naît d’un acte intérieur. Cependant, spiritualité et religion ne sont pas synonymes. Les voies mystiques religieuses sont certes majoritaires et de ce fait plus connues. C’est pourquoi nous nous attachons à mettre ici en lumière des expériences spirituelles plus méconnues, plus secrètes et  donnons à découvrir et à lire ces  sublimes mécréants qui, confrontés à l’énigme de la vie, n’ont pas recours à l’hypothèse d’un principe créateur, n’ont besoin d’aucun dieu pour faire fonctionner et comprendre le monde.

   Mystiques sans dieu(x), nous pourrions dire à l’instar de Joe Bousquet (L’homme dont je mourrai) : « Je parle en mystique, mais pas en croyant ». N’étant pas à la recherche de réponses définitives à l’interrogation sur le sens de la vie, notre démarche intègre pleinement l’incertitude et l’incomplétude. La poésie est alors vécue comme une quête initiatique fondamentale et devient l’élément central de nos  existences qui se cherchent en profondeur. 

Marie-Josée Christien

Courrier des lecteurs

     Objectivement la qualité de la conception, la rigueur, le sérieux et l' »esprit » de votre revue sont des atouts indéniables qui forcent l’admiration. Bravo encore, bonne continuation à vous et à toute votre équipe. Peut-être se rencontrera-t-on un jour, qui sait, dans le Finistère ou ailleurs… ce serait un grand plaisir et un honneur d’échanger avec vous, ne serait-ce que quelques instants. JMarc

   Une livraison particulièrement riche et dense, avec les notes de lecture habituelles, concises, claires, qui donnent envie « d’y aller voir ». J’ai beaucoup apprécié l’occasion de découvrir la personnalité et l’univers de Chantal Couliou dont j’ai lu récemment « Croqués sur le vif », poèmes pour la jeunesse. Beaucoup apprécié aussi le retour sur la grande oeuvre d’Angèle Vannier, par Nicole Laurent-Catrice.

Le gros morceau de ce n°19 était très attendu : « Mystiques sans dieu(x) », une orientation fondamentale de la poésie, hier et aujourd’hui, mais un thème difficile à traiter tant ce sont les mystiques avec dieu(x) qui semblent s’imposer. L’ensemble des poèmes réunis ouvre cependant d’autres chemins tout à fait « empruntables » vers une transcendance qu’aucune divinité ne ferme mais que l’exigence de soulever le monde rend encore plus vibrants d’ardeur et d’inquiétude. Cette inquiétude sans laquelle on n’écrirait pas de poésie.

Si j’avoue m’être un peu égaré dans certains textes, je me suis trouvé en connivence avec la majorité d’entre eux : pour citer quelques noms de poètes en exemple, outre le vôtre : Wasselin, Allix, Marilyse Leroux, Heudré, ou Baglin m’ont été les plus proches. Quelqu’un d’autre ferait une autre liste, tant mieux. Bref, votre Spered Gouez 19 est de la belle ouvrage : je vous en félicite et remercie. Jean-François

    Il y a de la diversité et de la matière. Michel

   J’ai lu Spered Gouez, c’est un beau travail, le thème est excellent et la progression des poèmes choisis me semble intéressante. B

  Merci pour les lectures de Jelle et les mots, chacune m’a frappée par sa tonalité propre au lecteur ( j’aime ici que la lecture soit aussi lecture de soi-même, comme disait Proust !).     Jacqueline Saint-Jean

  Très bonne revue par la qualité des textes, des auteurs découverts et la ligne éditoriale. Laurent
 

   J’ai tout lu avec intérêt, dossiers, chroniques toujours nourrissantes. La plupart des poèmes de Mystiques sans dieu sont de qualité, abordent la problématique de façon personnelle,  je ne peux citer ici tous ceux qui m’ont arrêtée pour relecture. J.

Paul Quéré (1931-1993)

Bernard Berrou, écrivain entre Bretagne et Irlande

Ephémère et éternel, le temps

    Le temps nous enveloppe, nous traverse et nous dépasse. Chaque instant est unique et éphémère, sans cesse renouvelé et  à chaque fois nouveau. « Le présent est la chose la plus difficile à vivre », a dit le philosophe Giorgio Agamben. Avoir conscience du temps n’est pas une faculté innée, mais une épreuve, une quête. 

   La poésie est, en cette recherche, le chemin à emprunter, le levier à actionner. Elle ne peut naître que de l’accumulation d’une profonde expérience de l’existence, à l’abri des contagions des modes. La poésie se doit de vivre de sa rencontre avec le temps. C’est indéniable, notre monde est celui du temps, celui de la pérennité de l’éphémère et du fragile.

    Or le temps est devenu une denrée rare. Notre époque, au diapason de la vitesse et d’un rythme effréné, dévore tout sur son passage. A mesure que nos paysages se sont dégradés, notre monde s’est  fragmenté, émietté. Alors que tout va toujours trop vite, nous n’avons jamais été si peu disponibles.

Il y eut les brouillages doctrinaires, le confort des certitudes,  les malentendus, les égarements, les impasses, si bien qu’il est aujourd’hui plus admis de se montrer désinvolte, désabusé, railleur, sarcastique, voire cynique, que de creuser sa capacité à être réceptif.  Il ne nous reste plus que le désenchantement et la sensation du temps perdu, gâché.

    Nous ne sommes pas de nulle part. Notre monde est celui du temps. Nous sommes la seule espèce vivante à avoir cette remarquable capacité d’en avoir conscience.  Encore nous faut-il être dans l’accueil plutôt que dans la conquête, être humbles suffisamment pour accueillir sa présence rayonnante et reliante.

A nous de retrouver un temps qui entre en résonnance avec l’univers au lieu de s’en couper, et, non seulement de  le dépeindre en termes minutieux, mais de  le penser, le méditer, lui donner sens dans ses trois acceptions : sensation, direction et signification.

Marie-Josée Christien

Courrier des lecteurs

Jean-Claude Chenut me signale « le temps qui reste » interprété par Serge Reggiani:

« As-tu déjà entendu cette terrible chanson « le temps qui reste », chanson postface du film » deux jours à tuer » de J.Becker, chanson interprétée de façon… superlative (disons) par Serge Réggiani ? « éphémère …le temps » A écouter d’urgence. « 

Suite au message de Jean-Claude, j’ai trouvé ceci sur le net que je fais partager.

« Beau travail, belle revue. » Françoise

« Le dernier Spered Gouez est vraiment une réussite, bel entretien avec Bernard Berrou, le rythme de l’ensemble convient parfaitement. » Bruno

« Une fois de plus, j’admire la richesse littéraire que j’y découvre et suis très content d’y connaître pas mal d’auteurs remarquables. La revue évoque en moi une certaine nostalgie, car je me souviens de mes séjours en Bretagne et regrette – par peur des longues distances – de ne plus m’y rendre… » Fritz Werf (poète et éditeur)

 » Bon numéro, j’apprécie particulièrement le choix des illustrations. Les toiles de Bruno Dufour-Coppolani et les dessins de Denis Heudré sont superbes. » Michel

 » La thématique du numéro me touche beaucoup. J’aime  particulièrement  les poèmes en  fin de numéro » . Angélique B.

« Ce Spered Gouez n° 18 me plaît beaucoup. La partie critique est copieuse et ouverte à la polyphonie de la poésie d’aujourd’hui. Dans la partie réservée aux poèmes, les vôtres se détachent de l’ensemble avec leur lyrisme affûté par la concision (par exemple ces 3 vers : La durée / n’a de sens / que dans les temps morts). J’y ai aimé aussi les poèmes de Marilyse Leroux et ceux de Guy Allix. » Jean-François (courriel à Marie-Josée Christien)

« J’ai aimé le  poème d’Eve Lerner dans le n° 18,  celui de la page 151, spécialement la fin. J’ai aimé lire aussi l’entretien avec Bernard Berrou, une parole très revivifiante. »  M. L.  

 « Ta revue est  pour moi un plaisir de découverte. Je viens de commander – un passager dans la baie-, ta rencontre/interview avec Bernard Berrou me plaît beaucoup. »  Brigitte M. (courriel à Marie-Josée Christien)

 » Je viens de lire l’article d’Alain Kewes dans Décharge. J’ai du mal à comprendre qu’on puisse écrire autant de lignes sur une revue dont on déconseille la lecture. Du coup, j’ai lu le billet d’humeur de Paul Sanda que j’avais laissé de côté. Le billet en question, pour à peine 2 pages sur presque 170, occupe presque la totalité de la diatribe de Kewes, qui démontre par là qu’il est une parfaite illustration du « petit monde de la petite poésie » évoqué dans cet avis de tempête. Pour un coup de tempête, c’est un sacré coup de tabac, encore plus fort que ces derniers jours. » Gilles D.

 » Vu les difficultés des revues, ce serait plus intelligent de les faire connaître que de les flinguer. » Serge 

 » A.K. réagit uniquement à l’article de Paul Sanda, une réaction épidermique de… défense, de protection de sa communauté, de sa chapelle donc… Empli de sa réaction émotionnelle, il n’a pas pu lire (et il le dit) la revue!!! n’y cherchant que ce qu’il pouvait y détruire, en prenant l’air de sauver quand même quelques individus ou quelques idées du naufrage… Ce n’est pas correct et ce n’est pas un travail de critique. » B.M. « Vous avez raison d’écrire dans votre édito qu’on ne comprend plus le pamphlet aujourd’hui. On ne comprend pas non plus l’humour. Desproges serait aujourd’hui censuré. » Jean-Michel

Couverture : J.G. Gwezenneg

Avis de tempête : Gérard Cléry

Mémoire : Armand Robin, « Transfiguration », poème inédit en volume présenté par Jean Bescond

Points de vue : Survire et mourir de Guy Allix (par Elaine Biedermann, Marie-Josée Christien, Bruno Geneste.

Tamm Kreiz : Eve Lerner, entretien avec Marie-Josée Christien

Atlantique :  Danielle Allain-Guesdon, François Aussanaire, Jacques Basse, Louis Bertholom, Eliane Biedermann, Marie-Josée Christien, Chantal Couliou, Jean-François Dubois, Bruno Geneste, Frédérique Germanaud, Jean-Marie Gilory, Alain Jégou,  Jean-Luc Le Cleac’h, Eve Lerner, Marilyse Le Roux, Isabelle Moign, Martine Morillon-Carreau, Lydia Padellec, Patrice Perron, Jacqueline Saint-Jean, Pierre Tanguy, Jean-Albert Guénégan, Marc Bernol,  Maï Ewen, Yann Vac’h Thorel et Tugdual Kalvez.

Couverture et  illustrations : Roger Dautais (artiste de Land Art)

Avis de tempête : Gérard Prémel

Escale : Pradip Choudhuri dossier et entretien préparé par Alain Jégou

Mémoire : Xavier Grall par André Daviaud

Tamm-Kreiz : Guy Allix, entretien avec Marie-Josée Christien. 

Articles de Marie-Josée Christien, Jean-Luc Steinmetz et Yvon Le Men

Signe des traces

Textes courts, poèmes et nouvelles 

Roger Dautais, Colette Klein, Hervé Lesage, Marilyse Leroux, Maï Ewen, Yann-Varc’h Thorel, Gérard Cléry, Guénane, Serge Lanoë, Philippe Gicquel, Jean-Pierre Boulic, Jacqueline

Saint-Jean, Georges Cathalo, Guy Allix, Marie-Josée Christien, Pierre Colin, Jacques Basse, Martine Morillon-Carreau, Isabelle Moign, Robert Nédélec, Jean-François Dubois,   Fred Johnson, Robert Momeux, Chantal Couliou, Jean-Louis Bernard.

2011; Prix unitaire 15 €

Avis de tempête : carte blanche à Yann Faou.

Escale : Charles Plymell, écrivain de la Beat Generation.  

Dossier élaboré par Alain Jégou : entretien, choix de textes traduits par Jean-Marie Flémal (dont des inédits en France).

Mémoire : Youenn Gwernig par Jean-Charles Perazzi.

Chroniques sauvages par Jean-Claude Bailleul, Jean Bescond, Eliane Biedermann, Marie-Josée Christien, Yann Faou, Bruno Geneste et Patrice Perron.
Tamm-Kreiz : le poète Alexis Gloaguen, dossier élaboré par Marc Bernol.

Cosmos :

Récits, nouvelles, poèmes et textes courts

Danielle Allain-Guesdon, Paul Badin, Jean-Louis Bernard, Marc Bernol, Louis Bertholom, Eliane Biedermann, Marie-Josée Christien, Olivier Cousin, Jean-Marc Couvé, Michel Dugué, Jean-Marie Gilory, Alexis Gloaguen, Patrick Joquel, Jean-Claude Le Chevère, Jean-Luc Le Cleac’h, Mireille Le Liboux, Thierry Le Pennec, Eve Lerner, Jean-Louis Lozac’hmeur, Patrice Perron, Gérard Prémel, Jeanpyer Poëls, Monique Rosenberg, Olivier Shesne.

Illustrations de Marc Bernol, Jordan et Laëtitia-May Le Guélaff 

2008; prix unitaire 15 € 

Avis de tempête: Carte blanche à Max Pons

Escale: Emile Hemmen, écrivain luxembourgeois

Mémoire: Jean-François Roger (1955-2006)

Marais et paluds:

Jean-François Roger, Gérard Le Gouic, Eve Lerner, Tugdual Kalvez, Bernard Berrou, Jean-Luc Le Cleac’h, Robert Nédélec, Emmanuelle Le Cam, Anne-Lise Blanchard, Jean-Claude Bailleul, Bruno Geneste, Danielle Lallin-Guesdon, Jean-Pierre Boulic, Chantal Couliou, Marc Bernol, Angèle Jacq, Pierre Tanguy, Jeanpyer Poëls, Patrick Argenté, Fañch Peru, Jean-Louis Lozac’hmeur, Patrice Perron, Jean-Pierre Nédélec, Louis Bertholom, Jean-Claude Le Chevère, Mireille Le Liboux

Photos de Marc Bernol, Fañch Peru, Marie-Josée Christien et Christine Plouzennec

2007; prix unitaire 15 €

Numéro dédié à Sophie Masson (1964-2006): hommage et textes inédits

Avis de tempête: carte blanche au sculpteur François Hameury

Escale : Slaheddine Haddad, poète tunisien (dossier d’Alain Jégou)

Mémoire: Henri Thomas par Gérard Le Gouic

Tamm-Kreiz: Marie-Josée Christien poète. 

Contributions de Jeanpyer Poëls et Bernard Berrou

Dossier présenté et préparé par Yann Faou

Tours et donjons:

Jean-Claude Bailleul, Jean-Louis Bernard, Marc Bernol, Louis Bertholom, Anne-Lise Blanchard, Jean-Pierre Boulic, Marie-Josée Christien, Didier Collobert, Olivier Cousin, Elpée, Patrice fath, Bruno Geneste, Jean-Marie Gilory, Guénane, Jean-Paul Kermarrec, Bernard Le Blavec, José Millas-Martin, Jeanpyer Poëls, Patrice Perron, Max Pons, Jacques Thomassaint, Yzabel Moign

2006; prix unitaire 15 €

Avis de tempête : carte blanche à Jean Kergrist

Escale : Muepu Muamba, écrivain et journaliste congolais (dosssier d’Alain Jégou)

Mémoire : Nathalie Le Mel, une bretonne révolutionnaire et féministe (1826-1921) par Marie-Josée Christien

Tamm-Kreiz : Yves Prié poète et éditeur (dossier préparé par  Daniel Morvan)

Retour à la ville :

Danielle Allain-Guesdon, Anne-Lise Blanchard, Marc Bernol, Marie-Josée Christien, Pierre Colin, Manuel Cortella (dessins), Chantal Couliou, Nicole Drano-Stamberg, Georges Drano, Bruno Geneste, Alexis Gloaguen, Guénane, Alain Kervern, Serge Lanoë, Emmanuelle Le Cam, Pierre Le Coz, Thierry Le Pennec, Sophie Masson, Yves Millet, Daniel Morvan, Jean-Pierre Nédélec, Gérard Prémel, Claude Vaillant

Photos de Marie-Josée Christien et Pascal Jaugeon

2005; prix unitaire 15 €